jeudi 2 septembre 2010

Codreanu

vendredi 9 juillet 2010

Un "fascisme spirituel": la garde de fer

Evola s'intéressa tout particulièrement au fascisme roumain tel qu'il est représenté dans la structure de la Garde de Fer (1) et dans la personne de Corneliu Zelea Codreanu. La garde de fer étant relativement peu évoquée dans les études sur les fascismes, il conviendra de retracer son histoire (I), avant de traiter l'analyse évolienne de ce mouvement (II).

Extrait de Christophe boutin, Politique et tradition, Julius Evola dans le siècle (1898 - 1974)

lundi 5 juillet 2010

Fascio national

De Metapedia.


Le Fascio national ou Parti national fasciste roumain fut créé en 1923 à Bucarest par Vifor Lungalescu et Ion Bagulescu.

Non antisémite, ce parti publiera l'hebdomadaire Le Fascisme.

En 1925, il fusionnera avec la Ligue de défense nationale chrétienne.

vendredi 2 juillet 2010

In Memoriam Corneliu Zelea Codreanu

Par Lucien Rebatet

« C’est par ses héros que vit un peuple et non par ses majorités lâches et inertes. Pour
eux, peu importe de vaincre ou de mourir, car lorsqu’ils meurent, le peuple tout entier vit
de leur mort et s’honore de leur martyre. Ils brillent dans l’Histoire comme des images d’or,
que le soleil sur les hauteurs éclaire au crépuscule, tandis qu’en bas, sur les plaines, si
vastes et si nombreuses soient-elles, s’étend le voile de l’oubli et de la mort. »
Cornelius Codreanu.

Codreanu vient d'être assassiné de la plus barbare et lâche façon. Depuis que nous connaissions, dans ce journal, sa vie et son œuvre par des documents directs et non par des mensonges ou des fables, nous savions qu'il appartenait par bien des points à la même famille d'esprit que nous. Sa signature avait paru ici au milieu des nôtres. Dans la Roumanie déchirée par les partis égoïstes, saignée et gangrenée par les Juifs, notre attention puis notre estime allaient à ce chef ardent, probe, patriote, antisémite, comme elle allait à un Calvo Sotelo dans l'Espagne de 1935.

Dans l'exécution nocturne de Codreanu et de ses compagnons, férocement préméditée, grossièrement et hypocritement camouflée en tentative de fuite (à qui fera-t- on croire que, sur quatorze s'enfuyant au milieu des ténèbres, du brouillard et de la forêt, pas un seul n'a réchappé, même blessé, aux balles des gardiens ?), dans cette exécution tout est propre à inspirer l'horreur, le dégoût et la pitié. Nous savons depuis longtemps que ces mouvements de la « conscience humaine », comme on dit chez nos ennemis, sont toujours à sens unique, ne sont réservés qu'à des clans, ni plus, ni moins que les plus basses faveurs politiciennes. Le massacre de la route de Bucarest a laissé de pierre toutes les belles âmes de droite et de gauche que bouleversait une seule goutte de sang sur la précieuse oreille de Blum. À l'exception d'un libre et généreux article de Léon Daudet, l'on n'a même guère perçu que le soupir mal dissimulé du soulagement d'Israël.

Nous constatons dans ce drame l'indifférence des pleureurs professionnels. Mais il n'est ni dans notre rôle ni dans notre manière de les remplacer devant cette tombe. Codreanu avait déclaré la guerre à la juiverie. Il en avait mesuré plus d'une fois les risques. Dès 1924, alors qu'il était déjà incarcéré, le Capitaine avait appris que la police songeait à le supprimer pendant un transfert de prison, « sous le prétexte qu'il avait voulu échapper à son escorte » (p. 225 de son livre Pour les Légionnaires). Il est mort à son poste de combat. On ne gémit pas sur le corps d'un soldat. Mais ce qui est atroce, c'est que Codreanu ait été abattu par des balles chrétiennes. Nous n'en sommes d'ailleurs point surpris. Il est rare que les Juifs trempent eux-mêmes leurs mains dans le sang des « goyim ». Il faut pour cela qu'ils soient les tyrans et les maîtres, comme dans la Russie de 1918, la Hongrie de 1919, auquel cas leur sadisme ne connaît plus de frein. Mais le chef- d'œuvre de leur couardise, c'est de faire abattre pour leur compte le chrétien par le
chrétien. Le roi Carol II porte désormais l'épouvantable responsabilité d'avoir été leur
instrument jusqu'à l'assassinat.

Les gardistes roumains avaient été avertis, dès le début de novembre, que l'on organiserait le meurtre de leur chef pendant le voyage du souverain à l'étranger. Les ministres seuls eussent été en cause de cette sordide tragédie. Ils le comprirent et reculèrent. Le roi a été contraint de donner l'ordre lui-même, flanqué de son policier Calinesco.

Il est singulier que le massacre ait suivi si rapidement la randonnée de Carol en Occident. Est-ce à Londres que la Cité juive, bien informée de la popularité indéracinable de la Garde de Fer, lui demanda cette tête ? Dans tous les cas, il serait bien étrange qu'il n'ait pas obtenu de l'Allemagne un blanc-seing. Il est impossible qu'il n'ait pas été question de la Garde dans ses entretiens avec Hitler et Goering.

Si ces derniers, dans l'autre hypothèse, plaidèrent pour la vie du Capitaine, gagnèrent sa cause en échange de libertés commerciales, et que Carol, sitôt rentré, ait agi contre sa parole, c'est qu'il se trouve donc dans son pays en face d'une opposition plus profonde et plus générale encore que que nous ne le supposions.
Nous n'avons pas à juger la politique intérieure de la Roumanie. Nous n'en parlons
qu'en qualité de Français.

On nous a assuré que le trépas de Codreanu était pour nous une excellente affaire, que la Garde de Fer était sur le Danube un auxiliaire du Troisième Reich. J'ai fait justice, dans un récent reportage, de tout ce que ces allégations ont d'aventureux ou de faux.

Codreanu avait annoncé devant témoin qu'il songeait à mettre dans son programme la participation de la Roumanie à l'Axe Rome-Berlin. C'était en plein Front populaire français, au beau milieu des intrigues russophiles, tchécophiles et genevoises de Delbos. J'ajoute que Titulesco, spéculant sur la profonde amitié des Roumains pour la France, avait annoncé auparavant, en 1933, que la dissolution de la Garde était exigée par Paris.

En dépit de toutes ces circonstances, dans l'état-major même de la Garde de Fer et parmi ses plus fidèles alliés politiques, on reprocha très vivement à Codreanu son propos. La gratitude envers la France, qui fut la créatrice de la petite puis de la grande Roumanie, le souvenir du sauvage traité de Bucarest imposé par l'Allemagne en 1918, pèsent encore davantage là-bas que toutes nos fautes. Tout ce qui a pu se dire ou s'écrire dans l'autre sens tient à la gigantesque machination des Juifs acharnés à défendre par n'importe quel moyen le fief habité par deux millions des leurs qu'ils possèdent de la Transylvanie à la Mer noire.

Notre intérêt voudrait que la Roumanie prit place dans une solide barrière opposée en Orient à l'expansion germanique, que l'Allemagne ne devint pas chez elle la maîtresse absolue de tous les débouchés commerciaux, ne puisât pas un surcroît de force dans ses richesses.

Or, le roi Carol, allié fidèle selon Buré et Kerillis, n'a cessé de soutenir les récriminations allemandes quand la Pologne et la Hongrie établissaient le plan d'une frontière commune. Sous son gouvernement, la pénétration commerciale allemande en Roumanie est chose faite. Tout semble indiquer que le dernier voyage du roi à Berchtesgaden et à Berlin ne fera qu'accélérer cette pénétration. Comment le Reich n'aurait-il pas avantage à composer avec un souverain ondoyant et jouant trois ou quatre

cartes à la fois, plutôt qu'à encourager un parti farouchement nationaliste qui ne songerait évidemment à délivrer son pays de la puissance juive – premier point du programme de la Garde de Fer – pour le vendre aussitôt à l'étranger.

Quel crédit accorder au dictateur-roi qui a privé de son commandement, mis aux arrêts, placé sous la surveillance policière le meilleur chef militaire roumain, l'un des très rares qui soient sortis grandis de la guerre, au surplus francophile irréprochable, le général Antonesco ?
La presse aux ordres juifs qui fait l'opinion des démocratie affirmait depuis des mois
que la Garde de Fer était liquidée. C'était possible.

Après une longue enquête, je rapportais cependant, au mois d'octobre, la conviction qu'il n'en était rien, que les codréanistes, malgré toutes les rigueurs, ne cessaient de gagner partout d'ardentes sympathies. L'assassinat de la semaine dernière montre que l'on ne m'avait pas trompé. On ne prend pas la peine d'étouffer dans le sang un parti qui n'existe plus.

Nous n'attachons pas à la vie humaine le même fétichisme que la juiverie et que certains surprenants chrétiens. Il y a des trépas nécessaires au salut d'un pays. Mais si la Garde tua, ce ne fut qu'après des années de martyre enduré sous des ministres maçonniques. Elle n'a jamais cessé d'affirmer sa foi religieuse et sa foi monarchique. Elle ne souhaitait que le soutien de la main royale. Elle ne l'a pas eu, et c'est la cause de toute la tragédie roumaine. L'intrigue d'Israël a triomphé.

Comme tous ses triomphes, celui-ci ne peut être qu'illusoire. La dictature royale n'a eu que faveurs pour les Juifs, elle a usé toutes les rigueurs, jusqu'au crime, contre les chrétiens. Un très prochain avenir nous dira certainement s'il est loisible à un roi de se dresser, pour des fins uniquement personnelles, contre ce qu'il y a de plus pur, de plus généreux, de plus sain dans son pays, alors qu'il avait tout pouvoir pour gagner la confiance de cette ardeur et de cette jeunesse.

L'admirable phrase de Codreanu, inscrite en tête de cet article, définit mieux qu'aucune inscription la noblesse de ce chef. Où qu'il ait été tué, dans sa cellule, comme à Moscou, ou dans la neige et la nuit, il a certainement vu s'approcher de sa tempe les pistolets des sbires d'un cœur serein et plein d'espoir. Je ne pense plus que l'idéal national et chrétien qu'il a semé dans toute une génération de sa patrie puisse être encore anéanti.
Nous tenons pour des héros les intrépides garçons qui, malgré la geôle et les
fusillades, redoublent là-bas de fureur contre les Juifs et leurs serfs.

Nous sommes persuadés qu'entre une France et une Roumanie également nationalistes et désenjuivées, la France que nous représentons qui ne tolérerait pas un instant d'avoir pour ambassadeur à Bucarest un Thierry, marié à la Juive Rothschild, la Roumanie que représentent tant de gardistes, la collaboration serait immédiate et féconde sur tous les terrains.
Au milieu du flot de haine et de mensonges qui déferle sur le cadavre d'une victime du
judaïsme universel, c'est notre tâche et notre devoir de le répéter ici.
Lucien Rebatet, 9 décembre 1938.

In memoriam Corneliu Zelea Codreanu (Lucien Rebatet, 1938)

L'article de Lucien Rebatet dans "Je suis partout" après la mort de Codreanu

mercredi 30 juin 2010

La nouvelle droite roumaine fête les 80 ans de la garde de fer

Le 24 juin 1927, il y a 80 ans, était fondée en Roumanie la Légion de l'Archange Saint Michel, aussi appelée La Garde de Fer. Un mouvement nationaliste radical et chrétien de grande ampleur, dirigé par Corneliu Zelea Codreanu, qui par la profondeur de sa pensée et l'exemplarité de sa mentalité a marqué de nombreux nationalistes à travers l'Europe.
A l'initiative des héritiers du mouvement légionnaire, son anniversaire fut célébré à Bucarest, notamment par un colloque international organisé par Noua Dreapta, la Nouvelle Droite roumaine.

Corneliu Zelea Codreanu, né Corneliu Zelinski, (13 septembre 189930 novembre 1938) fut un homme politique roumain nationaliste, créateur et charismatique chef de la Légion de l'Archange Michel (aussi connue sous le nom de Garde de fer - Garda de Fier), organisation nationaliste de l'entre deux guerres. Appelé Căpitanul (Le Capitaine) par ses adeptes, il fonda en 1923, avec le professeur universitaire Alexandru C. Cuza, une organisation appelée La Ligue de Défense Nationale Chrétienne (Liga Apărării Naţional Creştine). En 1924 il tua par balle devant le tribunal le préfet de police Manciu, mais fut acquitté, l'instance constatant un cas de légitime défense.

À la suite des dissensions apparues dans le cadre de la L.A .N.C., il quitta le mouvement et fonda, au côtés de Ion Mota, Corneliu Georgescu, Ilie Gârneaţă et Radu Mironovici, la Légion de L'Archange Michel.

Au cours des années qui suivirent, prirent place différentes grandes manifestations contre la démocratie parlementaire, les cosmopolites, les communistes, mais surtout pour soutenir le mysticisme religieux chrétien-orthodoxe, le nationalisme et les régimes nationalistes révolutionnaires en Europe. C. Z. Codreanu et son parti voulaient l'instauration en Roumaine d'un régime autoritaire national-chrétien. Dans son livre Pour les Légionaires (Pentru Legionari), C. Z. Codreanu explique sa vision de la démocratie et présente son danger : « la destruction de l'unité du peuple roumain ». Comme il le dit lui-même, « la Légion de l'Archange Michel sera plus une école et une troupe, une armée plutôt qu'un simple parti politique ». Lors des multiples affrontements qui agitent alors l’époque, les légionnaires ont tué deux Premier-ministres en fonction (Ion G. Duca et Armand Călinescu), un ex-premier-ministre (Nicolae Iorga) et plusieurs autres ex-ministres (V. Madgearu, G. Marinescu, Iamandi, etc.).

Il devint pour la première fois parlementaire comme député du judeţ de Neamţ, en obtenant en 1931, conformément aux données de l'époque, 11 300 voix. En 1932, il fut élu pour la deuxième fois, cette fois comme représentant du district de Tutova, après une lutte électorale serrée qu'il gagna avec 5 600 voix en sa faveur.

Il fonda alors le parti Tout Pour le Pays (Totul Pentru Ţară), l'expression politique du Mouvement Légionaire, présidé par l'ingénieur Gheorghe Clime.

Dans la nuit du 29 au 30 novembre 1938, il fut assassiné, avec d'autres légionnaires sur ordre du roi Charles II de Roumanie, par les gendarmes qui le transportaient à la prison de Jilava.

Codreanu laisse un petit livre fondamental, traduit en français et qui est encore une référence nécessaire à tout bon militant nationaliste : Le livret du Chef de nid.

mardi 29 juin 2010

According to Julius Evola

In March 1938, one month before Codreanu's imprisonment, a meeting between Codreanu and Julius Evola, the famous Italian traditionalist, took place in Bucharest. Evola wrote a very important article about Codreanu΄s thoughts on the struggle of the Iron Guard.

According to this, Codreanu characterized the national movements of the time as follows: "He said that there are three principles in every organism: Form, Vital Energy, and Spirit. A movement for national rebirth could not develop if it placed its emphasis on one principle or another. If one follows Codreanu, in Fascism the Form-principle is the leading political idea that the State has priority. The heritage of Rome is here the organizing energy. In German National Socialism, on the other hand, special weight is given to the principle of Vital Energy. This is where the concern about race comes from. The myth of race, with its recognition of blood and the national racial community, stands at the center of National Socialism. For the Iron Guard, in contrast to these, the Spiritual element is of central significance, with religious and ascetic values, which for Codreanu are closely related." (Evola, Il mio incontro con Codreanu).

There is no doubt which of the three principles Evola ascribed the greatest weight to. For a long time he had been criticizing the reduction of Fascism to State-worship and a new bureaucracy. In his opinion, Fascism had to choose between the Roman Empire and Italy: between the Roman Empire, which is also an important heritage for Romania, and Italy, the revolutionary, freemasonic state that arose out of the unholy spirit of the French Revolution, corresponding to the current Romania of party squabbles.

In National Socialism, Evola certainly welcomed the racial ideas in one respect, but openly criticized its formulation in the terms of biological materialism. For Evola, the racial soul was of greater significance than the material basis of heredity. This view was clearly connected with his refusal of the so-called "theory of evolution," that materialistic invention of Darwin's, which, together with Marx and Freud, Evola considered as the lowest drivel of the materialistic period.
Evola was in quest of a national movement that would help the spiritual principle to break through. He and a few friends had tried to influence Fascism accordingly. He thought that he had discovered in National Socialism, with the SS, the attempt to found a new ascetic Order. In fact, the intention of Reichsfόhrer-SS Heinrich Himmler's was to lay a net of castles of the SS Order all over the new Greater-German Reich, which would take over its rule after the death or retirement of the Fόhrer, thus thwarting the development of a new bureaucratic hegemony. But what was the spiritual principle of this ambition? Beside the adoration of the Fόhrer (the Form principle) and the belief in the superiority of the Nordic race (the principle of Vital Energy) there was not much room left for the Spirit: merely an exoteric rune-cult, supposed to evoke the spirit of the Germanic antiquity. Here Evola saw a chance of introducing his doctrine of Tradition, but this met with mistrust and incomprehension. As the records of the NS authorities show (see Julius Evola nei documenti segretei del Terzo Reich, Edizioni Europa, 1986), it was this concept of soul-race that upset them. They could issue certificates of Aryanism, but in no way could they meet Evola's hopes for the Aryan warrior in the spiritual sense.

The Iron Guard, on the other hand, seemed to correspond to the ideal that Evola was seeking. He particularly approved of the name they had chosen: "Legion of the Archangel Michael." Evola mentions the importance that fasting and prayer had for Codreanu. "By prayer he understands inner composure and the gathering of energies." This had nothing to do with his former interpretation of Christian prayer, in the spirit of Nietzsche, as nothing but crawling and debilitation. Evola would later write about ascesis in the context of Buddhism (La dottrina del Risveglio, 1943: Eng. tr., The Doctrine of Awakening, Rochester, VT, 1997). There he argues the idea that Buddha taught nothing other than the original Indo-Germanic values, lost to us today because Buddhism had fallen under Asiatic influence.

lundi 28 juin 2010

Portrait of Corneliu Zelea Codreanu

A Romanian Nationalist, the founder and leader of the Iron Guard or The Legion of the Archangel Michael (also known as the Legionary Movement), a nationalist, antisemitic and anti-communist organization. Concidered to be a local variety of fascism (Greenshirts) or national-socialism, however with religious roots, instead of ideological ones, grown from Orthodoxy (National-Christian Socialism).

I am still reading Codreanus autobiography "To my Legionaries" but I already know that he was a man of great spirit, a true nationalist at heart and a traditionalist to the bone, who definitely deserves respect.

He is one of the great examples of politicians that act only for the sake of their nation with no other intentions in mind, while others like to pretend to play the nation-card until they gain power.

While the constantly appearing word "jew" on almost every page thus far, annoyed me mildly, I was intrigued by the "Science of Antisemitism" concept, that rests on three key elements: Instinct, Consciousness and Science. I will surely go back to this concept after I finish reading the book and see in what way it can be beneficial to myself and Russia.

And I am sure I will read much more I can relate to in his autobiography, because while our nations are not related by blood, they are related by faith, and concepts of Nationalism, so deeply rooted in Orthodoxy should be intriguing.

vendredi 25 juin 2010

« Je suis incapable de mentir »

Neagu Djuvara

« Je suis incapable de mentir » _______________________________________________________________________________________

regard n°32 | 17 octobre 2007


Mardi 12 septembre, 19h45. Une petite rue pleine de charme parallèle au Boulevard Dacia, non loin de l’Institut français. Neagu Djuvara nous reçoit chez lui. L’appartement ancien, aussi coquet que son locataire, est jonché de cartons: le déménagement est encore frais. L’homme vient de terminer son après-midi de travail et nous gratifie d’un imparfait du subjonctif souriant pour nous remercier de notre ponctualité. La conversation s’engage dans le salon et se poursuivra dans un restaurant bucarestois. Elle durera plus de trois heures.

Entretien réalisé par Jean-François Pérès






regard – Peut-on dire que votre vie, sur laquelle nous allons longuement revenir, est une suite de coïncidences extraordinaires, de miracles même?

Neagu Djuvara : Je me défends toujours quand on me dit: «Vous avez eu une vie extraordinaire!» Je n’y suis presque pour rien. Tout est venu comme ça, par des hasards. J’ai récemment donné un entretien à une revue roumaine qui s’appelle «Carrières». Je leur ai rétorqué que je suis pourtant un exemple type d’anti-carrière, ça les a beaucoup amusés.

regard – Comme nombre d’enfants de grande famille de votre génération, vous avez fait la majeure partie de vos études en France.

ND : Les familles de boyards, ou de la grande bourgeoisie, étaient déjà habituées à envoyer leurs enfants en France. Mon arrière-grand-père s’était réfugié à Paris en 1848. Mon grand-père a passé le «bacho» au lycée Henri-IV, et son frère Alexandru à Louis-le-Grand. Ce dernier a même fait de la peinture à Barbizon dans les années 1880 avant de se lancer en politique. C’était un bon peintre post-impressionniste. Mon grand-père, diplomate de carrière, a envoyé ses deux fils à Berlin pour faire plaisir au roi Charles 1er. En fait, il était anti-allemand, et l’affaire s’est terminée… au lycée français. Mon père est sorti major de l’école polytechnique de Berlin en 1906. Il est mort en 1918. J’étais orphelin de guerre, et ma mère n’avait plus les moyens de tenir son rang dans la bonne société bucarestoise avec ses deux enfants, veuve et sans revenus, notre père mort, nos terres expropriées… Elle a pensé que, comme les autres générations, je devais faire mes études en France. C’est ainsi qu’à l’âge de 12 ans j’ai été interne au lycée de Nice. Quatre ans plus tard, nous avons déménagé à Paris. J’ai été inscrit au lycée Janson de Sailly. L’histoire était déjà ma passion. Mais je me suis rendu compte que je ne pouvais pas en vivre, et j’ai fait en même temps du droit. Quand j’ai fini mes deux licences, j’ai poussé jusqu’au doctorat en droit.

regard - Vous soutenez votre thèse à Paris en juin 1940, le jour même où le front est percé à Dunkerque.

ND : C’était très émouvant. Dans la rue, on entendait des mégaphones donner les nouvelles du front, et en face de moi, mon professeur en robe, digne, officiel, comme si de rien n’était... Quel décalage. Six jours après, nous traversons en train la frontière yougoslave et apprenons que l’Italie entre en guerre, qu’elle ferme ses frontières... Tout ça, ce sont des accidents dans ma vie. Sur le moment, des émotions fortes, de la peur. Mais après, finalement, c’est assez pittoresque.


« Je n’ai jamais considéré Bucarest comme une capitale de type occidental »



regard - En 1917, déjà, votre famille et vous-mêmes aviez quitté la Russie in extremis…

ND : Le 7 novembre 1917. A cause de la guerre, nous avions quitté Bucarest pour Iasi, et ma mère voulait que nous retrouvions mon grand-père au Havre. On a été retenu à Saint-Pétersbourg pendant un mois parce que notre gouvernante portait un nom qui ressemblait à celui d’une espionne allemande recherchée. La police avait retenu nos passeports. Grâce à diverses interventions, roumaines, françaises, ma mère est reçue par le directeur du service des passeports qui s’excuse pour la confusion et lui dit: «Revenez demain matin de bonne heure prendre vos passeports, les Bolcheviques vont prendre le pouvoir». Elle quitte l’hôtel le lendemain. Elle récupère les passeports, veut traverser la Neva, mais tous les ponts sont occupés par l’Armée rouge. Elle aperçoit un officier, lui court après et lui demande en français de l’aider à franchir le pont. L’autre la regarde d’un air sévère et lui répond, toujours en français: «Vous êtes Française, madame?» L’air sévère la fait hésiter. Que doit-elle répondre? Fidèle à son principe de toujours dire la vérité, elle répond: «Non, monsieur, je suis Roumaine». Le type se radoucit, lui dit quelque chose comme: «Ah, ces pauvres Roumains, c’est nous qui les avons entraînés dans ce malheur…» et, courageusement, alors qu’il n’a plus vraiment d’autorité sur les soldats en place, retourne sur ses pas et commence à parlementer, prenant la cause de cette mère de famille que ses enfants attendent... Heureusement, les Russes sont sensibles aux histoires d’enfants. Le passage s’ouvre, et c’est comme ça que nous avons pris le fiacre du mari de la servante de l’hôtel pour arriver à la gare de Saint-Pétersbourg et prendre un train pour Helsinki, puis la Norvège, la Suède, l’Ecosse et la France… J’avais un an et trois mois. Cette histoire m’a appris une chose, c’est qu’il faut toujours dire la vérité. Aujourd’hui encore, je suis incapable de mentir, ce qui est quelquefois désagréable dans la vie mondaine.

regard - A partir du moment où vous faites vos études en France, quels sont vos rapports avec la Roumanie ? ?

ND : Je venais environ quatre mois chaque été. Je les passais surtout à la campagne, ce qui fait que j’ai conservé une langue roumaine assez proche du terroir. Nous n’avions plus aucune maison, j’allais chez une soeur ou une cousine de ma mère. Nous ne possédions plus que quarante hectares à cause des grandes expropriations d’après-guerre, ça ne faisait pas beaucoup pour vivre. On allait de temps en temps dans notre village, à Cojasca, entre Bucarest et Targoviste, et sur nos terres en métayage, à Finta.

regard - Gardez-vous une nostalgie particulière pour le «Petit Paris», tel qu’on surnommait Bucarest à l’époque ?

ND : Bucarest était sympathique, mais ayant vécu depuis l’âge de douze ans en France et visité de nombreuses villes d’Europe de l’Ouest, j’avais des éléments de comparaison et je n’ai jamais aimé Bucarest à cause de ça. Je ne l’ai jamais considérée comme une capitale de style occidental. Au fond, ce sont les énormes travaux de Ceausescu qui lui ont donné des airs de capitale. Dans le Bucarest des années 30, il y avait Calea Victoriei et quelques boulevards, mais dès qu’on sortait du centre, ces petites rues avec ces maisons dépareillées... Personnellement, je ne trouvais pas ça beau.

regard - Et l’atmosphère ?

ND : Elle était sympathique. Les gens dans la rue n’avaient pas l’air malheureux, même ceux qui étaient en costume de paysan. Ils n’étaient pas hargneux comme aujourd’hui. Il y a eu un changement du profil ethnique des Roumains à cause du communisme, vraiment. Mes compatriotes sont autres que ceux que j’ai connus dans ma jeunesse.

regard - Votre thèse en droit soutenue, la guerre arrive, la Roumanie est d’abord l’alliée du Reich. Vous restez presque trois ans sous les drapeaux.

ND : D’abord une année de service militaire qui n’a pas été achevée, car on a tout de suite été envoyé au front, quelques jours avant la déclaration de guerre. Antonescu a su par les Allemands qu’ils allaient attaquer. On a garni le front du Prut pour commencer les combats. J’étais alors en manœuvre à Valenii de Munte, le seul moment agréable de cette période. J’ai ensuite été envoyé dans un régiment d’artillerie lourde, avec des mitrailleuses, des lance-roquettes et des petits canons théoriquement anti-char. Je dis «théoriquement» car les deux que j’ai eus au début de la guerre étaient des canons russes de… 1876. C’est pendant la marche de 750 kilomètres jusqu’en Transnistrie qu’on a reçu deux canons modernes, un français et un suédois.

regard - Vous avez été blessé près d’Odessa.

ND : A une trentaine de kilomètres au nord de la ville. J’ai eu une veine folle de n’être que légèrement blessé ici (NDLR, il montre le haut de sa main gauche). On voit encore les traces. C’est entré par là, c’est sorti par ici, mais comme il y a beaucoup de veines, ça a saigné énormément. On m’a fait tout de suite un garrot et au bout d’une heure, on m’a dit de me débrouiller. J’ai marché dix heures. On recevait des coups de feu de toutes parts. J’avise d’abord un médecin qui, le pauvre, se cachait dans un trou et n’a même pas eu l’idée de défaire mon garrot. C’est moi-même qui l’ai défait quelques minutes plus tard, je n’en pouvais plus. Finalement je suis arrivé à une station d’ambulance, direction Chisinau. J’ai eu beaucoup de chance de quitter mon régiment au moment où il a été absolument... décimé. Ce n’est même pas le mot adéquat car il signifie tuer un sur dix. A la veille de l’entrée dans la ville, notre régiment ne comptait plus que 92 soldats valides sur 3000.

regard - C’était une boucherie…

ND : C’est l’une des folies du commandement roumain et d’Antonescu en personne. Les Allemands n’avaient pas demandé que l’on prenne Odessa, ils avaient juste demandé qu’on empêche l’Armée rouge de sortir d’Odessa. Eux avaient des navires, toutes sortes d’atouts... La deuxième guerre mondiale a prouvé que même les plus formidables armées ne prenaient pas facilement une ville. Les Allemands n’ont réussi à prendre ni Moscou, ni Saint-Pétersbourg, ni Stalingrad (aujourd’hui Volgograd, NDLR). On ne prend pas une ville, parce que chaque maison est un bastion. Alors le faire avec des troupes insuffisamment armées comme les nôtres... Il y a eu là-bas, j’ai vu les chiffres, 17000 morts et 65000 blessés roumains. Pour des prunes.

« Une grande partie de la jeunesse roumaine a été envoûtée par le charisme de Codreanu »

regard - Vous vous mariez en 1937 à France, une Française comme son nom l’indique. Grâce à elle, vous vous retrouvez au ministère des Affaires étrangères… sans l’avoir vraiment voulu.

ND : J’étais instructeur des recrues à Bucarest. C’était ennuyeux, mais moins dramatique que de se trouver à Stalingrad, où j’avais peur d’être envoyé. Un jour, France rencontre sur Calea Victoriei un de mes amis, Camil Demetrescu, qui était depuis cinq ans au ministère des Affaires étrangères. Par le plus grand des hasards, il était à la direction du Chiffre et du cabinet. Il lui dit: «Pourquoi Neagu ne se présenterait-il pas au concours d’entrée au ministère?» J’avais un grand-père et un oncle diplomates de carrière et tous les deux m’avaient dégoûté de la diplomatie. Moi, je voulais être professeur d’université, finir éventuellement un second doctorat dans le domaine de l’histoire ou de la philosophie de l’histoire, ça me trottait déjà dans la tête. Mais la nuit portant conseil, j’échafaude des scénarios. Je me dis qu’on risque de perdre la guerre, que la gauche va prendre le pouvoir et faire de nouvelles expropriations… Or je comptais sur mes terres pour me consacrer sans souci à mon second doctorat. Alors tant pis, me dis-je, je vais devenir fonctionnaire. Je n’ai eu que le week-end de Pâques pour me préparer. Et voilà que je réussis, troisième sur quatre-vingt quatre. Et que mon ami Demetrescu s’arrange pour que je sois affecté à cette direction du Chiffre et du cabinet, la seule qui avait de l’influence sur l’état-major. Un jour, le lieutenant-colonel chef du personnel des armées souhaite me voir. Je me demandais ce qui allait encore m’arriver. Souriant, il me tend un papier de couleur et m’annonce: «Tu es démobilisé». C’est comme ça que j’ai commencé ma brève carrière diplomatique. Je dis brève parce que finalement aucun de ceux qui m’ont employé, en 55 ans de service, ne me donne un sou aujourd’hui. Je n’ai pas de retraite. Sauf celle que j’ai achetée quand j’étais en Afrique, où j’ai également acheté la sécurité sociale française en me disant que j’aurai ainsi une assurance médicale. Grâce à ça, je touche environ 550 euros par mois. Bref…

regard - Une fois au ministère, vous fréquentez un homme qui va beaucoup compter pour vous.

ND : Le frère de Camil Demetrescu, Victor Radulescu Pogoneanu, dit «Kiki». Un type admirable, génial, un héros. A moitié paralysé, il marchait avec deux béquilles. C’est l’homme qui m’a le plus impressionné dans ma vie. Il était le cousin d’Eugène Ionesco, parfois le génie est héréditaire… C’était un type d’un courage et d’une intelligence rares. C’est lui qui m’a converti définitivement à la démocratie, alors que j’étais plutôt de droite dans ma jeunesse, sympathisant de la Garde de Fer. Vous savez, on était nombreux, des gens bien, Eliade, Cioran, Alexandru Cioranescu… Une grande partie de la jeunesse roumaine a été envoûtée par le charisme extraordinaire de Codreanu, le chef du mouvement assassiné en 1938.

regard - Cette attirance était-elle purement intellectuelle ou avez-vous joint les gestes à la parole et fait le coup de poing comme beaucoup ?

ND : Non, pas du tout. J’étais à l’étranger, donc pas vraiment embrigadé. Quand j’ai été pris au service militaire, c’était déjà trop tard. Ils avaient assassiné Nicolae Iorga en novembre 1940, commis des horreurs une fois au pouvoir… J’avais compris que l’idéalisme était une chose et la pratique une autre. Sans compter que, malgré tout, le roi Charles II avait fait tuer les gens les plus valables du mouvement. Ceux qui restaient s’appuyaient sur le «chef élu», le fameux Horia Sima, une espèce d’agitateur loufoque. J’ai été définitivement «guéri» une fois entré au ministère grâce à Pogoneanu, qui m’a convaincu que le parlementarisme et la démocratie étaient l’avenir du monde entier. Je lui dois beaucoup.

regard - En 1944, on vous envoie à Stockholm, et votre vie bascule une nouvelle fois...

ND : Je faisais partie d’un petit groupe secret à qui on montrait des télégrammes qui n’étaient même pas divulgués au Secrétaire général et au ministre. Ils étaient destinés à ceux qui menaient en secret des négociations de paix à Berne, Lisbonne, Stockholm... Nous étions chargés de les leur porter en main propre. Chose impensable, le gouvernement Antonescu avait accepté qu’on ouvre des négociations à Stockholm avec les Soviétiques sans même en parler aux Américains. Antonescu ne jugeait plus les choses correctement. A l’issue de son avant-dernière rencontre avec Hitler, le 28 février 1944, à une époque où les Soviétiques étaient déjà très avancés, il revient à Bucarest et dit à la veuve d’Octavian Goga, Veturia, qui était une grande amie de sa femme: «Tu peux me baiser la main, Hitler nous rend la Transylvanie du Nord». Comment un chef d’Etat avec des responsabilités aussi énormes pouvait-il imaginer que les Allemands avaient encore leur mot à dire à ce moment-là? J’ai donc été envoyé à Stockholm pour reprendre les négociations, pas pour signer quoi que ce soit comme cela a été écrit. Sans aucune garantie de résultat, d’ailleurs.

regard - Mission difficile, voire absurde…

ND : Pourquoi Antonescu a-t-il envoyé un courrier diplomatique à Stockholm en sachant qu’il mettra deux jours pour simplement transmettre un message verbal alors qu’il n’avait qu’à faire un télégramme chiffré qui serait arrivé en cinq minutes? Je pense qu’il voulait faire traîner les choses et attendre un moment plus favorable. Mais lequel? Quoiqu’il en soit, le lendemain, la Roumanie se retourne contre l’Allemagne. Je suis nommé dans la foulée secrétaire d’ambassade à Stockholm. Le reste du personnel est rappelé, y compris l’ambassadeur. Il ne restait que le chargé d’affaires. Une ambassade squelettique succéda donc à une ambassade pléthorique. Le renversement d’alliance avait tout changé.

regard - Avez-vous bénéficié de la bienveillance de certaines personnes pour rester à Stockholm, sachant qu’une fois les communistes au pouvoir, vous avez été cité au procès de Iuliu Maniu, le leader national-paysan, et promis à une lourde peine de prison ?

ND : A la base, c’est un sale coup! Personne ne pouvait imaginer à l’époque ce qui allait se passer trois ans plus tard. Ceux qui m’ont envoyé à Stockholm l’ont fait sciemment. Si j’avais su que je ne pouvais pas revenir, je ne serais pas parti, je n’aurais pas laissé ma femme et mon enfant à Bucarest. Ca a gâché mon ménage. Mon épouse a fini par croire ce que des gens «bien intentionnés» lui ont dit: «Tu sais, Neagu, il savait qu’il ne pourrait pas rentrer…» Vous vous rendez compte, quels salauds. Ceci étant, vous savez, je n’ai toujours pas divorcé de ma femme, nous ne sommes que séparés depuis 45 ans.

regard - Quand prenez-vous la décision de ne plus revenir en Roumanie ?

ND : Entre septembre 1947 et début 1948.

regard - Vous passez vos premières années d’exil à Paris, où vous vous occupez des réfugiés roumains.

ND : D’un tas de choses, en fait. Même de ce que je n’ai pas avoué durant des décennies: entre 1952 et 1956, j’ai accepté de représenter le Comité National Roumain, qui était un simili gouvernement, ou plutôt une représentation de ce que nous pensions être la vraie Roumanie auprès des alliés du monde occidental, à New York. Les gens du Comité avaient accepté que l’un d’eux soit en relation avec la CIA et avec les services secrets français. Bêtement, mais c’était dans l’air du temps, je pensais que la troisième guerre mondiale était proche. Il y avait le blocus de Berlin, la guerre de Corée, etc. Je pensais que la mission que l’on m’avait confiée était importante. Finalement, c’était zéro. J’ai passé quatre ans là-dedans en faisant des choses que je regrette infiniment aujourd’hui. J’ai envoyé des parachutistes en Roumanie qui ont été fusillés, même si l’un d’entre eux a réussi à revenir en France. Avec le recul, cela n’a vraiment pas été une bonne affaire.

regard - Vous avez également collaboré à Radio Europe Libre.

ND : J’ai donné ma démission du Comité après m’être fâché contre les Américains, qui ne voulaient pas donner d’argent pour sauver un homme, Silviu Craciunar, que je pensais honnête mais qui s’est avéré vendu à la Securitate. Je me suis trouvé assez mal à ce moment-là. La seule chose que je souhaitais, c’était travailler à Radio Europe Libre, mais on me disait: «Tu sais, comme la radio est financée partiellement par la CIA, ils n’engageront pas quelqu’un qui est brouillé avec elle». Mais ils ne m’ont pas tenu rigueur de cette démission parce que j’étais parti de façon correcte. Trois mois après, on m’a répondu positivement, et j’ai pris la direction de Munich.

regard - Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ?

ND : Je n’ai pas aimé l’atmosphère là-bas. Dès que s’est présentée une occasion de revenir à Paris comme secrétaire général de la Fondation Carol Ier à l’Institut universitaire roumain, je l’ai saisie. J’ai toutefois gardé le contact avec Munich. Deux fois par semaine, j’improvisais une petite émission pour raconter ce qui se passait en France. J’ai travaillé pour Europe Libre près de cinq ans, dix-huit mois sur place à Munich et trois ans et demi à Paris.

jeudi 24 juin 2010

Les frères Cioran et le passé gardiste

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Les frères Cioran et le passé “gardiste”

Quand il voulait susciter le scepticisme des Parisiens, Emil Cioran se plaisait à dire que l'une des plus belles villes du monde était Sibiu/Hermannstadt. Et il pensait que Paris était devenue un “garage apoca­lyptique”. De Sibiu, il disait à ses interlocuteurs étonnés: «C'est une ville vraiment extraordinaire». Il ai­mait évoquer le temps où il habitait cette cité transylvanienne, proche de la frontière qui séparait l'empire des Habsbourg du Royaume balkanique de Roumanie: «Il y avait là-bas trois nationalités (l'allemande, la hongroise et la roumaine) qui vivaient en parfaite convivialité. Cet fait m'a marqué pour toute ma vie, car, depuis, je ne parviens pas à vivre dans une ville où l'on ne parle qu'une seule langue, car je m'y ennuie tout de suite».

C'est à l'âge de dix ans qu'Emil Cioran arrive à Sibiu/Hermannstadt, après avoir pleuré pendant tout le trajet parce que son père, le Pope orthodoxe Emilian, l'avait arraché au paradis de son enfance, afin qu'il puisse poursuivre des études. Ce paradis, c'était le village de Rasinari. Mais l'écrivain dira plus tard: «Après Rasinari, Sibiu est la ville que j'ai aimée le plus».

Le puiné du Pope Emilian Cioran, Aurel, aujourd'hui octogénaire, habite encore à Sibiu. C'est un avocat à la retraite. Mais s'il n'avait pas pu devenir avocat, il serait devenu moine; ce fut son frère Emil qui l'en dis­suada. Un soir, après le repas, Emil l'invita à une promenade dans les bois qui s'étendaient au-delà de la ville de Sibiu et jusqu'à six heures du matin, à force d'arguments de tous genres, il démontra à Aurel qu'il fallait qu'il renonce à cette idée de se faire moine. Plusieurs années plus tard, Emil regretta d'avoir eu cette importante conversation avec Aurel; il confessa qu'en cette circonstance toute l'impureté de son âme s'était manifestée et que son acharnement n'était que le seul fruit de son orgueil. Il dit: «J'avais l'impression que tous ceux qui ne se soumettaient pas à mes argumentations démontraient qu'ils n'avaient rien compris».

Donc, au lieu de se retirer dans un monastère, Aurel s'en alla étudier la jurisprudence à Bucarest, dans la même institution où Emil s'était inscrit en philosophie et lettres.

Les deux frères se sont retrouvés ensemble sur les bancs des mêmes auditoires, où le philosophe Nae Ionescu donnait ses leçons. C'était une sorte de Socrate pour les générations des années 30 et il a formé des intellectuels qui très vite acquerront une réputation mondiale, comme Mircea Eliade, Constantin Noica et Emil Cioran.

Ce dernier, m'a raconté son frère Aurel, se rendait régulièrement aux cours de Nae Ionescu, même après avoir terminé ses études universitaires. Un jour, alors que la leçon était finie, le professeur a demandé aux étudiants: «Voulez-vous que je vous parle encore de quelque chose?». Emil s'est levé et a demandé: «Parlez-nous de l'ennui». Alors Nae Ionescu a appronfondi la thématique de l'ennui pendant deux heures. Une autre fois, le Professeur Ionescu a demandé à Emil Cioran de lui suggérer un thème à développer au cours de sa leçon; Cioran l'invita à parler des anges. Dans une faculté dominée par le rationalisme, seul Nae Ionescu pouvait se permettre de traiter de thèmes spirituels, parce que, comme l'a défini Eliade, il était “un logicien terrible”.

Immédiatement après la guerre, Aurel Cioran fut reconnu coupable d'avoir milité au sein du “Mouvement Légionnaire” et condamné à sept années de prison; sa sœur Gica reçut une peine analogue. Contrairement à Emil, qui s'est dissocié publiquement dans les années 60 de son propre passé de sympa­thisant de la Garde de Fer, Aurel revendique avec fierté l'option militante de sa jeunesse. Il a rencontré le “Capitaine” Codreanu dans des camps de travail légionnaires, où les jeunes réalisaient des travaux d'utilité publique négligés par le gouvernement.

Emil Cioran lui aussi fut fasciné par la figure de Codreanu; pour la Noël 1940, il écrivit un “profil intérieur” du Capitaine, dont on donna lecture à la radio à l'époque du gouvernement national-légionnaire. Dans ce texte, Cioran disait: «Avant Corneliu Codreanu, la Roumanie était un Sahara peuplé... Il a voulu introduire l'absolu dans la respiration quotidienne de la Roumanie... Sur notre pays, un frisson nouveau est passé... La foi d'un homme a donné vie à un monde qui peut laisser loin derrière lui les tragédies antiques de Shakespeare... A l'exception de Jésus, aucun autre mort ne continue à être présent parmi les vivants... D'ici peu, ce pays sera guidé par un mort, me disait un ami sur les rives de la Seine. Ce Mort a répandu un parfum d'éternité sur notre petite misère humaine et a transporté le ciel juste au-dessus de la Roumanie». Par ailleurs, quelques années auparavant, Emil Cioran avait écrit que “sans le fascisme l'Italie serait un pays en faillite”; ou encore: “dans le monde d'aujourd'hui, il n'existe pas d'homme politique qui m'inspire une sympathie et une admiration plus grande que Hitler”.

On peut penser que les prises de position du Cioran de ces années-là, en dépit de ses abjurations ulté­rieures, seront tôt ou tard utilisée pour démoniser son œuvre, pour lui faire en quelque sorte un procès posthume, semblable à celui que l'on a intenté contre Mircea Eliade. Quand j'évoquai cette éventualité, Aurel Cioran a perdu pendant un instant son calme olympien pour manifester une grande indignation et stigmatiser la mafia qui se livrait à de telles profanations. Au cours de ces derniers mois, a-t-il ajouté, une campagne de diffamation s'est déroulée en Roumanie contre la mémoire de Nae Ionescu, précisément parce qu'il fut le maître de toute cette jeune génération intellectuelle qui sympathisait avec le “Mouvement Légionnaire”.

De fait, à peine sorti de la maison d'Aurel Cioran, j'ai trouvé sur une échope trois éditions récentes de Nae Ionescu: un recueil de conférences tenues par le professeur en 1938 dans le pénitentier où il était en­fermé avec toute l'élite du “Mouvement Légionnaire”. Parmi les internés, il y avait aussi Mircea Eliade. Emil Cioran était en France depuis un an.

Claudio MUTTI.

(article paru dans le quotidien indépendant L'umanità, 22 février 1996; trad. franç. : Robert Steuckers).



mercredi 23 juin 2010

Ion Antonescu

Ion Antonescu

De Metapedia.


Ion Antonescu et Horia Sima.
Ion Antonescu et Horia Sima lors d'un meeting, le 6 octobre 1940.
Ion Antonescu et Adolph Hitler.
Ion Antonescu durant la deuxième guerre mondiale.
Ion Antonescu durant son procès.
Ion Antonescu conduit au lieu de son supplice
Ion Antonescu lors de son exécution.
Graffiti d'époque contemporaine - Ion Antonescu héros national
Ion Antonescu, fresque contemporaine dans une église de Budapest


Ion Victor Antonescu (15 juin 1882 à Pitesti-1er juillet 1946 à Bucarest), fut Maréchal, premier ministre et Conducator de Roumanie du 4 septembre 1940 au 23 août 1944.

Sommaire

Un militaire brillant

Ion Antonescu, né à Pitesti en Valachie, est le fils d’une ancienne famille d’officiers. Il suivit les cours des écoles militaires de Craiova et Iaşi, et sortit major de l'école d'application de la cavalerie 1904, ainsi que de l'Académie militaire en 1911.

Comme lieutenant, Antonescu prit part à l'écrasement de la révolte paysanne de 1907 dans la région de la ville de Galaţi. Sa dureté lui fit donner le nom de Câinele roşu (chien rouge). En 1913, il participe à la deuxième guerre des Balkans contre la Bulgarie et du fait de sa bravoure fut décoré de la plus haute décoration militaire roumaine : l'Ordre de Michel le Brave (Ordinul Mihai Viteazul).

Durant la participation de la Roumanie à la première guerre mondiale (1916-1918), Antonescu fut le chef d'état-major du général Constantin Prezan. Alors que les troupes des Empires centraux pénétraient profondément en Roumanie, il défendit la capitale, puis, après que le gouvernement roumain se fut réfugié en Moldavie, il participa à la défense de cette région en 1917. Ses états de service furent si brillants qu'à la fin de la guerre, le roi Ferdinand déclara : "Antonescu, personne dans ce pays ne sait mieux que moi ce que notre nation vous doit." Ceci, et le fait qu'au lendemain de la guerre, à la tête d'une troupe de hussards, il lutta victorieusement contre la république communiste des Conseils hongrois, lui valut un avancement rapide.

De 1922 à 1926 il fut attaché militaire aux ambassades roumaines en France puis en Angleterre. De 1927 à 1930, il dirigea l'École de guerre de son pays. Sous le règne de Carol II, en 1933, il accéda au poste de chef d’état-major, mais ses projets déplurent au monarque et il dut démissionner au bout d’un an.

En 1937, il assuma brièvement la charge de ministre de la défense. Ce poste de ministre ne fut qu’une fausse promotion car le général n’était guère apprécié du roi et de la camarilla de la cour: il avait des manières trop ouvertes, un style direct et surtout il menait une vie d’ascète. Pour les gens simples, Antonescu incarnait le contraire diamétral de ce que représentait à leurs yeux la caste dominante roumaine de Bucarest, francophile et aux mœurs dépravées, dont le symbole était le roi Carol, alcoolique notoire. Finalement Antonescu fut éloigné de la capitale et interné dans un couvent à Bistritza.

Le Conducator

Lors du déclenchement de la deuxième guerre mondiale, la Roumanie adopta une politique de neutralité. Mais entourée de puissances hostiles elle fut dépecée. Un ultimatum soviétique en juillet suivi du "deuxième arbitrage de Vienne" (30 août 1940), visant à régler les contentieux territoriaux entre la Hongrie et la Roumanie sous la houlette de von Ribbentrop, eurent comme résultat que sans qu’un seul coup de fusil ait été tiré, la Bessarabie, le Nord de la Bucovine et la moitié de la Transylvanie furent perdus. Le 7 septembre, par le traité de Craiova, le Sud de la Dobroudja fut de surcroît abandonné à la Bulgarie.

L'agitation nationaliste durant ces mois est extrême; le 4 juillet 1940 Ion Gigurtu forme un gouvernement qui comprend un ministre issu de la Garde de fer : Horia Sima. Mais la colère du peuple se tourne contre Carol II et contre sa maîtresse, Madame Lupescu. Le roi ne sait quelle décision prendre. Le conseil de la Couronne se réunit en permanence. C’est alors que le général Ion Antonescu se présente au Château royal. La résidence royale devient subitement le lieu d’un affrontement. Antonescu évoque l’état d’esprit qui règne au sein du peuple et des forces armées et force le roi à se contenter d’un rôle purement représentatif. Le monarque appelle alors le commandant de sa garde. Il lui pose la question: ses soldats sont-ils prêts à tirer sur les manifestants ? Le commandeur des prétoriens roumains répond par la négative.

Carol II ne voit dès lors pas d’autre issue: sur l’heure, en ce 4 septembre 1940, il nomme Antonescu Premier Ministre. Après avoir reçu la promesse de pouvoir quitter le pays sain et sauf, le roi abdique, et s'exile au Portugal. Son successeur est son fils Mihail, âgé de 19 ans, qui cède au nouvel homme fort de la Roumanie bon nombre de ses prérogatives royales.

Ion Antonescu fait entrer le 15 septembre 1940 plusieurs ministres de la Garde de fer dans son gouvernement. La période qui suit est nommée l'État national légionnaire (Statul naţional-legionar). Celui-ci dure jusqu'au 21 janvier 1941, date à laquelle une tentative de putsch légionnaire est écrasée dans le sang.

Dans le même temps, le nouveau chef d’Etat (le Conducatorul al Statului) se met énergiquement au travail. Un jour seulement après son entrée en fonction, les négociateurs roumains signent le Traité de Craiova qui sanctionne la rétrocession de la Dobroudja méridionale à la Bulgarie. En échange, les Roumains obtiennent ce qu’ils voulaient par ailleurs: que Berlin et Rome garantissent l’intangibilité de leurs nouvelles frontières. Le nouveau gouvernement demande à Berlin une aide substantielle pour réorganiser l’armée roumaine. Les Allemands ne se le font pas demander deux fois car ils songent surtout au pétrole de Ploesti. Le 15 septembre, le Général Kurt von Tippelskirch arrive à Bucarest. Des troupes composées d’instructeurs le suivent très rapidement: en tout, 20.000 hommes. Le calcul d’Antonescu est clair: il veut récupérer les régions perdues, en montrant une loyauté exemplaire à l’égard d’Adolf Hitler. A la fin du mois d’octobre 1940, les Soviétiques occupent trois îles dans le delta du Danube, acte qui soude littéralement Bucarest à Berlin. La réponse à la provocation soviétique est simple: la Roumanie adhère immédiatement au Pacte des Trois Puissances (ou Axe Berlin-Rome-Tokyo).

A la fin du mois de mai 1941, les troupes allemandes commencent à se déployer le long de la Moldava, où, dans le cadre d’une mobilisation cachée, stationnent déjà quinze divisions roumaines. Au début de l’Opération Barbarossa, 200.000 soldats de l’infanterie allemande se trouvent sur le sol roumain. Le 12 juin 1941, Antonescu rencontre Hitler. Celui-ci l’informe de l’imminence de la guerre à l’Est. Le Chancelier du Reich est séduit par ce général aux arguments clairs, aux discours sans fioritures inutiles et lui offre aussitôt le commandement de toutes les unités de l’aile droite du futur front de l’Est. Ce “Groupe d’armées Antonescu” comprend la 11ème Armée allemande et les 3ème et 4ème armées roumaines. Le matin du 22 juin fatidique, Antonescu part immédiatement pour le front, dans un train spécial. Les Roumains étaient déjà en train de consolider des têtes de pont sur la rive orientale du Prout. Le 26 juin, des appareils soviétiques bombardent Bucarest, la zone pétrolifère de Ploesti et le port de Constanza sur la Mer Noire.

Le Conducator devint rapidement la terreur des états-majors. Il harangue ses troupes, veille à ce qu’elles soient parfaitement approvisionnées. Les soldats l’adorent: sans peur, le Général vient leur rendre visite sous le feu de l’ennemi dans les tranchées les plus exposées du front. Au départ, le “Groupe d’armées Antonescu” avait reçu pour mission de protéger la Roumanie contre toute attaque soviétique vers le Danube. Mais au bout d’une semaine, ce groupe d’armées s’élance à l’attaque, avec succès car, le 26 juillet, il prend la ville d’Akkerman (ou, en roumain, “Getatea-Alba”) sur le cours inférieur du Dniestr, qui redevient roumaine, comme toute la Bessarabie et le Nord de la Bucovine. La population acclame les troupes roumaines libératrices. Le 6 août 1941, Antonescu est le premier étranger à recevoir la Croix allemande de Chevalier; deux semaines plus tard, le roi le nomme Maréchal de Roumanie. Après avoir atteint le fleuve-frontière qu’est le Dniestr, Antonescu renonce à ses fonctions de commandant de groupe d’armées et retourne à Bucarest. Beaucoup pensent qu’avec la reconquête de la Bessarabie, que Moscou avait obtenue en faisant pression sur la Roumanie, la guerre est finie. Le jeune roi Mihail déclare: “Nous devons rester sur le Dniestr. Entrer en Russie signifierait agir à l’encontre de la volonté du pays”. Mais personne ne l’écoute.

Antonescu prend alors une décision qui sera lourde de conséquence: il croit aux vertus de la Blitzkrieg, de la guerre-éclair, et fait marcher les troupes roumaines dans la région qui s’étend immédiatement au-delà de la rive orientale du Dniestr. Les Roumains l’annexent sous le nom de Transnistrie. Lors de la prise d’Odessa, les difficultés surviennent: la ville ne capitule qu’au bout de deux mois et les Roumains ont dû faire appel à l’aide allemande. En décembre 1941, le Reich demande à ses alliés de participer plus activement à la consolidation du front oriental. Antonescu, sans broncher, renforce ses contingents, dans l’idée de récupérer bientôt le nord de la Transylvanie, devenu hongrois. Vingt-six divisions de l’armée royale roumaine garnissent désormais le flanc sud du front de l’Est. Vers la fin de l’année 1942, la fortune des armes change de camp. Le 19 novembre 1942, les Soviétiques amorcent une grande offensive vers le Don, ce qui conduit à l’effondrement de la 3ème armée roumaine. En même temps, l’Armée Rouge annihile la 4ème armée dans la steppe des Kalmouks.

Au début de l’année 1943, le Maréchal Antonescu est pris entre deux feux. Les pertes énormes en hommes font que le roi se met à douter de son Premier ministre. Par ailleurs, lors d’une rencontre, Hitler le morigène cruellement. Dans une atmosphère de glace, où la conversation est menée debout, l’Allemand le rend responsable du désastre sur le Don et à Stalingrad. Au printemps, Antonescu envoie des négociateurs pour traiter avec les alliés occidentaux. A la mi-mai, ces négociations sont rompues parce que les conditions imposées par les Anglo-Américains sont trop dures. Nolens volens, Antonescu est contraint de poursuivre le combat dans le camp de l’Axe. Neuf mois plus tard, les troupes soviétiques s’approchent des frontières roumaines. Dans le royaume, on décrète la mobilisation générale. Le “Groupe d’Armées d’Ukraine méridionale”, commandé par le Colonel-Général Hans Friessner compte à l’été 1944 un million de soldats.

La fin

Le 20 août, les feux de l’enfer se déchaînent. Après une préparation d’artillerie qui a duré des heures, où les Soviétiques lancent des milliers et des milliers de fusées Katioucha, les blindés de Staline se taillent une brèche dans le front. Deux jours après, Antonescu se présente chez Freissner, qui lui annonce que l’effondrement est imminent. Le roi, à son tour, passe à l’action, et ordonne au Prince Stirbey, chef de la délégation roumaine qui négocie au Caire, d’accepter les conditions draconiennes imposées par les Alliés pour un armistice. C’est alors que se répéta un scénario semblable à celui qui avait eu lieu à Rome un an plus tôt: le souverain convoque Antonescu au palais l’après-midi du 23 août; lors de l’audience, des officiers affidés au roi s’emparent de la personne du Maréchal.

Le nouveau Premier ministre est le Colonel-Général Constantin Sanatescu. A vingt-deux heures, à la fin de cette journée de tumultes, les Roumains entendent la voix de leur roi à la radio: “la dictature a pris fin et ainsi toute forme d’oppression”. Le gouvernement Sanatescu rompt le lendemain toutes les relations avec Berlin et déclare la guerre à l’Allemagne le 25 août.

Ion Antonescu et ses plus proches collaborateurs sont alors aux mains des communistes roumains, actifs dans la clandestinité; ils livrent leurs prisonniers aux Soviétiques. Après deux ans d’emprisonnement en Union Soviétique, l’ancien Premier Ministre roumain revient à Bucarest. Un procès pour crimes de guerre s’organise, qui se termine par une sentence de mort comme l’avaient exigé les Soviétiques. Tôt le matin du 1er juillet, Ion Antonescu est exécuté dans la cour de la prison militaire de Bucarest-Jilava.

Un dictateur réactionnaire

On dit souvent qu'Antonescu était un « dictateur fasciste » ou national-socialiste, ce qui est faux : Ion Antonescu, comme Franco, Pétain ou Salazar, était un réactionnaire autoritaire.

Divers exemples peuvent montrer son opposition idéologique vis-à-vis des partisans de la nouvelle Europe :

  • Antonescu a dit personnellement à Hitler qu'il « ne s'intéressait pas aux idéologies, mais seulement aux intérêts de sa patrie, qui sont supérieurs aux idéologies ».
  • Joseph Goebbels lui-même rapporte dans son journal personnel: « Antonescu est au gouvernement avec l'aide des maçons et des ennemis de l'Allemagne. Nos minorités [allemandes en Transylvanie] ont la vie dure. Le Reich a fait un tel effort pour rien. » (19 février 1941).
  • S'il fut obligé un temps de travailler avec la Garde de fer, il mena ensuite une vive répression contre ce mouvement.

Par ailleurs, il faut noter qu'il n'était nullement antisémite :

  • Sa belle-mère, Frida Cuperman, était juive, tout comme sa maîtresse Raşela Mendel, avec qui il voulait se marier.
  • Jusqu'à 1942, Antonescu a permis et même encouragé l'émigration des juifs vers la Palestine mandataire, avec l'argument que de cette façon le « problème juif » pouvait se résoudre. Cette politique cessa ensuite à cause du refus britannique d'accepter l'immigration en Palestine de Juifs roumains.

La réhabilitation

Le 5 décembre 2006, la Cour d'appel de Bucarest a annulé la condamnation d'Antonescu pour certains « crimes contre la paix », en s'appuyant sur le fait que les conditions objectives de 1940 justifiaient une guerre préventive contre l'Union soviétique, si bien que l'article 3 de la Convention de 1933 définissant ce qu'est une agression ne s'applique pas dans son cas. La cour a déclaré nulles certaines décisions du Tribunal du Peuple du 17 mai 1946 condamnant Antonescu et d'autres accusés. En conséquence, Antonescu et vingt autres personnes ont été déclarés non coupables de « crimes contre la paix à l'encontre des peuples de la Russie soviétique » (texte de 1946) et non coupables également en ce qui concerne certains « crimes de guerre résultant de la collaboration militaire entre la Roumanie et l'Allemagne », sur la constatation que les éléments constitutifs de tels crimes étaient absents. La cour a maintenu en revanche les conclusions de 1946 faisant référence à une participation dans l'Holocauste.

La Fédération des communautés juives de Roumanie et l’Association des victimes de l’Holocauste s'étant élevées contre cette décision, l'affaire a été confirmée par la Cour d’appel de Bucarest en 2007. Mais la décision a été cassée par la Cour suprême en mai 2008.



mardi 22 juin 2010

Vadim Tudor, héritier spirituel de la Garde de fer ?




Par Elena PAVEL
Le 01/07/2002

Lorsqu’il fonde son parti, La Grande Roumanie, en mai 1991, Vadim Tudor se réclame à la fois de la politique nationale-communiste de Nicolae Ceausescu et d’une rhétorique bien plus ancienne héritée de l’entre-deux-guerres : la roumanité.



Au sortir de la Première guerre mondiale, la Roumanie, assise à la table des vainqueurs, s’est retrouvée dans une situation inédite. Les annexions territoriales sanctionnées par le traité de Versailles - Transylvanie héritée du dépeçage de l’Empire austro-hongrois, Bucovine et Bessarabie retirées à la Russie - lui permettent de doubler sa superficie, mais font apparaître un problème de minorités. Au sein de la grande Roumanie, les allogènes – Hongrois, Ukrainiens, Allemands et Juifs pour la plupart - constituent en effet plus de 30% de la population.

Face à cette augmentation subite du nombre d’étrangers en Roumanie, certains intellectuels cherchent à théoriser la “roumanisation” de ces nouveaux territoires. Si Mircea Eliade ou Emil Cioran se tournent vers l’extrême-droite, d’autres, à l’image d’Eugène Ionesco, condamnent le développement de ce nationalisme prosélyte. Les orientations de cette mouvance extrémiste - qui se structurera bientôt au sein de la Garde de fer - laissent peu de place au respect des différences. Les nationalistes se fixent comme mission de marquer leur attachement à la terre en posant le paysan roumain comme héros national, de prouver la pureté de ses racines roumaines, et enfin, de condamner tout ce qui n’est pas purement roumain.

La manipulation, un art ancien

Dans l’imaginaire politique de l’extrême-droite roumaine, la nation roumaine est en effet exposée à la menace perpétuelle de voisins impérialistes et colonisateurs. Déjà dans les années trente, Mircea Eliade (à l’époque partisan de la Garde de fer) souligne l’absurdité de l’histoire du peuple roumain. Malgré tout ce que le peuple roumain “était prêt à accomplir, malgré tous les sacrifices et toute espèce d’héroïsme, il est condamné par l’histoire puisqu’il se trouve au carrefour des invasions ou dans le voisinage de puissances militaires dynamisées par des fanatismes impérialistes”. Souvent vaincue, la nation roumaine est tout excusé par ses penseurs de l’entre-deux-guerres. Le paysan est érigé en héros de la nation roumaine : lui seul a toujours su résister aux invasions, fort de ses traditions et de son héritage culturel.

La pensée d’Eliade s’intègre cependant dans un mouvement intellectuel et politique aux idées bien plus extrémistes. La Garde de fer a été fondée en 1931 par l’avocat Corneliu Codreanu. Conscient de l’impact des symboles, ce dernier, pour appuyer des propos particulièrement «antisémites, anticapitalistes, xénophobes, populistes et antidémocrates», n’hésite pas à se lancer dans des mises en scènes rocambolesques. Habillé en paysan roumain, il visite les villageois et se pose en nouveau héros de la Roumanie-martyre. Habile dans sa manipulation des symboles, Codreanu a montré qu’il suffisait de frapper les esprits – que ce soit par les actes ou par les mots – pour se faire entendre. En utilisant des thèmes profondément ancrés dans l’imaginaire collectif tels que “la mise en avant d’un âge d’or, la victimisation du peuple, la trahison des élites cosmopolites, le mythe de la conspiration”(1), Vadim Tudor assure la reprise du flambeau.


1 Pour une analyse plus poussée de la scène politique roumaine, consulter un article de Sorina Soare, publié par les Cahiers du Centre de la Vie Politique, Vol. 2000, n°2 : http://www.ulb.ac.be/soco/cevipol/cahiers/cahiers00-2.pdf

lundi 21 juin 2010

les paganismes de la nouvelle droite


http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/44/26/49/PDF/these_stephane_francois_-_Les_paganismes_de_la_Nouvelle_Droite_-1980-2004-.pdf

Cioran, de l'inconvénient d'être mort.

Cioran, de l'inconvénient d'être mort.Le moraliste d'origine roumaine est décédé hier matin à 84 ans, à Paris.


HERPE Noël (Libération)






La mort, qu'il a rencontrée hier matin à la suite d'une longue maladie d'Alzheimer, Cioran y avait trouvé la grande affaire de sa vie, depuis ces nuits d'insomnie qui le précipitaient dès son adolescence dans d'interminables errances nocturnes, et dans une lecture boulimique des philosophes, de Schopenhauer à Nietzsche ou à Léon Chestov... «J'éprouve une étrange sensation, écrivait-il alors, à la pensée d'être, à mon âge, un spécialiste du problème de la mort.» Né en 1911 à Rasinari, village transylvanien qui devait bientôt être rattaché à la Roumanie, il avait tôt fait de rejeter la religion de son père (prêtre orthodoxe), avec une violence qui ressemble singulièrement à de l'amour déçu: ses premiers livres (Sur les cimes du désespoir, Des larmes et des saints) consacrent la rupture avec la foi de son enfance en même temps qu'avec tout système de pensée cohérent, érigent en valeur absolue la souffrance individuelle, faisant d'un moi indéfiniment autodestructeur le seul principe de connaissance. Parallèlement, comme pour tenter de dissoudre son scepticisme dans un idéal collectif, le jeune Cioran fréquente les cercles intellectuels de Bucarest (où il se lie entre autres avec Constantin Noïca et Mircea Eliade), flirte avec la mouvance nationaliste incarnée par Codreanu et sa Garde de fer; il est le pur produit d'une génération perdue, qui trompe son spleen en s'exaltant de projets virils, en cultivant le rêve d'une «transfiguration de la Roumanie» (c'est le titre d'un ouvrage qu'il commet en 1935, et qu'il préfèrera ne jamais laisser traduire en français...) Son départ en 1937 pour Paris, où il est envoyé comme boursier de l'Institut français de Bucarest, vient tempérer ces ardeurs désordonnées: au lieu de travailler à une thèse sur l'éthique de Nietzsche qui ne verra jamais le jour, il s'installe dans une vie d'éternel étudiant, traverse la France à vélo pour combattre ses insomnies, fréquente les auberges de jeunesse et devient un client attitré des restaurants universitaires - ce qu'il restera jusqu'à l'âge de quarante ans... «On m'a finalement laissé ma bourse, dira-t-il, parce qu'on a trouvé que s'être mis la France dans les jambes n'était pas non plus sans mérite.» Pendant l'Occupation, à Paris, il écrit le Bréviaire des vaincus où s'amorce déjà le glissement vers une pensée crépusculaire et fragmentaire, qui appelle en quelque sorte le recours à une nouvelle langue. La mue définitive se produira en 1947: alors qu'il a entrepris de traduire Mallarmé en roumain, Cioran prend brusquement la décision de ne plus écrire qu'en français. «Ecrre dans une langue étrangère, dira-t-il, est une émancipation. C'est se libérer de son propre passé.» Il en naît le Précis de décomposition, recueil d'aphorismes où les fureurs de sa jeunesse trouvent leur plus parfait exutoire dans une litanie de défis soigneusement ciselés: chacun de ses aphorismes, disait-il, était comme «le point final d'une petite crise d'épilepsie».. Cioran reviendra souvent sur le «cauchemar» que représenta pour lui cette expérience, comparant le Français à une «camisole de force»... Il reste qu'en choisissant cette ascèse inhumaine, cette discipline glacée, le prophète surexcité de naguère a enfin trouvé la note juste, celle qui répond le mieux à son esprit négateur, l'apaise tout en lui donnant sa justification esthétique. En même temps, l'usage du fragment, qu'on retrouvera dans la plupart de ses livres ultérieurs (Syllogismes de l'amertume, De l'inconvénient d'être né, Ecartèlement, Aveux et Anathèmes) apparaît comme le seul moyen de contenir une pensée circulaire, qui, se refusant à la totalité, ne prétend délivrer que des éclairs de lucidité, des bribes arrachées au néant d'une conscience sardonique et qui se borne à constater sans prétendre conclure. Il considérait aussi le fragment comme «une pensée qui ne contient pas beaucoup de vérité, mais qui contient un peu d'avenir». Entre autres exemples de la griffe cioranienne, on peut relever: «Chaque être est un hymne détruit», «Un livre est un suicide différé» ou encore «Vivre, c'est perdre du terrain».

Cioran n'en poursuit pas moins, par ailleurs, une réflexion plus construite sur ses thèmes de prédilection: dans Histoire et Utopie, il prend un malin plaisir à discréditer les idéologies - au nom d'une conception du temps comme chute irrémédiable, comme exil d'un paradis que ne saurait restaurer nul projet politique. («L'homme est un animal qui a trahi, disait-il. L'histoire est sa punition.») Dans le Mauvais Démiurge, il développe l'idée - très influencée par la pensée gnostique - d'une création maudite, viciée dès l'origine. Mais ces ouvrages plus ambitieux ne le font pas davantage entrer dans un establishment littéraire auprès duquel il joue le rôle d'un empêcheur de penser en rond, d'un bizarre aérolithe qui concilierait l'étrangeté culturelle et l'anachronisme revendiqué, les éclats de la démence slave et une écriture à la Rochefoucauld... De fait, malgré le retentissement de ses premiers livres - inauguré en 1949 par un article enthousiaste de Maurice Nadeau sur le Précis de décomposition -, Cioran ne gardera pendant longtemps qu'une audience confidentielle, continuant de vivre en marge de toute mondanité dans sa mansarde du Quartier Latin, cultivant l'amitié de quelques écrivains rares, comme Michaux ou Beckett (auxquels qui il consacre l'une des chroniques réunies sous le titre Exercices d'admiration) et la lecture, devenue exclusive, de livres de souvenirs ou de journaux intimes... Il faudra attendre les années 70, et le développement du livre de poche, pour voir ses bréviaires de désespoir se vendre comme autant d'évangiles, et sa discrétion même faire de lui une légende vivante. Au soir de sa vie, cet adolescent inguérissable aura enfin trouvé des lecteurs qui lui ressemblent, ainsi que le prédisait Roger Nimier dès 1960: «Distinguons, lisons cet élève du dernier rang, placé dans l'endroit le plus sombre de la classe et qui écrit de si belles narrations sur les sujets les plus vrais.» Et ce n'est certes pas un mince paradoxe que cette oeuvre résolument atemporelle, que cet immense éclat de rire opposé aux illusions de son siècle, ait pu devenir, par l'ironie de l'histoire, un accessoire indispensable de la mauvaise conscience post-moderne.

NOËL HERPE



Mémoire de la première guerre mondiale au sein des jeunes droites roumaines de l’entre-deux-guerres


http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=GMCC_228_0007

Nicholas M. Nagy-Talavera, The Green Shirts and the Others. A History of Fascism in Hungary and Rumania

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1974_num_29_2_293481_t1_0449_0000_004

The iron guard


http://www.claremontmckenna.edu/hist/jpetropoulos/ironguard/

dimanche 20 juin 2010

A few remarks on democracy

A FEW REMARKS ON DEMOCRACY

Corneliu Zelea Codreanu

[The less violent and less visionary solutions proposed by the fascists were more palatable to the East European masses than were the Communist solutions. Among the several brands of fascism that flourished in Eastern Europe between the wars, the most representative of the historical tradition was the Rumanian populist variety expounded by the Iron Guard, which blamed the oppression of the peasant on the Jews and the "Jew-like" ruling establishment. Fascist populism rejected the democratic process and advocated reliance on the "Volk" for the attainment of the fascist revolution in Rumania. The following excerpt from the writings of Corneliu Zelea Codreanu, the leader of the Iron Guard, is characteristic of the views of the Rumanian fascists, who attracted a considerable following in the countryside and among industrial workers and intellectuals in the 1930s.]

I should like to make a few remarks, derived from daily experience, in a manner that can be understood by any young legionary or worker.

We wear the clothes and embrace the forms of democracy. Are they worth anything? We don't know yet. But we do know one thing. We know it for sure. That some of the largest and most civilized nations of Europe have discarded those clothes and have acquired new ones. Did they get rid of them forever? Other nations are doing their best to dispose of them and to get new ones also. Why? Have all nations gone mad? Are the Rumanian politicians the only wise men in the world? Somehow I doubt it.

Those who have changed them and those who want to change them must each have their own reasons.

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But why should we concern ourselves with other nations' reasons? Let us rather concern ourselves with the reasons that would make us Rumanians ready to change the clothes of democracy.

If we have no reasons to do so, if the reasons are no good, then we shall keep the clothes, even should all of Europe get rid of them.

However, they are no good for us either, because:

1. Democracy destroys the unity of the Rumanian nation, dividing it among political parties, making Rumanians hate one another, and thus exposing a divided people to the united congregation of Jewish power at a difficult time in the nation's history.

This argument alone is so persuasive as to warrant the discarding of democracy in favor of anything that would ensure our unity--or life itself. For disunity means death.

2. Democracy makes Rumanian citizens out of millions of Jews by making them the Rumanians' equals. By giving them the same legal rights. Equality? What for? We have been here for thousands of years. Plow and weapon in hand. With our labors and blood. Why equality with those who have been here for only one hundred, ten, or even five years? Let's look at the past: We created this state. Let's look at the future: We Rumanians are fully responsible for Greater Rumania. They have nothing to do with it. What could be the responsibility of Jews, in the history books, for the disappearance of the Rumanian state?

Thus: no equality in labor, sacrifice, and struggle for the creation of the state and no equal responsibility for its future. Equality? According to an old maxim: Equality is to treat unequally the unequal. What are the reasons for the Jews' demanding equal treatment, equal political rights with the Rumanians?

3. Democracy is incapable of perseverance. Since it is shared by political parties that rule for one, two, or three years, it is unable to conceive and carry out plans of longer duration. One party annuls the plans and efforts of the other. What is conceived and built by one party today is destroyed by another tomorrow.

In a country in which much has to be built, in which building is indeed the primary historical requirement, this disadvantage of democracy constitutes a true danger. It is a situation similar to that which prevails in an establishment where masters are changed every year, each new master bringing in his own plans, ruining what was done by some, and starting new things, which will in turn be destroyed by tomorrow's masters.

4. Democracy prevents the politician's fulfillment of his obligations to the nation. Even the most well-meaning politician becomes, in a democracy, the slave of his supporters, because either he satisfies their personal interests or they destroy his organization. The politician lives under the tyranny and permanent threat of the electoral bosses.

He is placed in a position in which he must choose between the termination of his lifetime work and the satisfaction of the demands of party members. And the politician, given such a choice, opts for the latter. He does so not out of his own pocket, but out of that of the country. He

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creates jobs, sets up missions, commissions, sinecures--all rostered in the nation's budget--which put increasingly heavy pressures on a tired people.

5. Democracy cannot wield authority, because it cannot enforce its decisions. A party cannot move against itself, against its members who engage in scandalous malfeasance, who rob and steal, because it is afraid of losing its members. Nor can it move against its adversaries, because in so doing it would risk exposure of its own wrongdoings and shady business.

6. Democracy serves big business. Because of the expensive, competitive character of the multiparty system, democracy requires ample funds. It therefore naturally becomes the servant of the big international Jewish financiers, who enslave her by paying her.

In this manner, a nation's fate is placed in the hands of a clique of bankers.

THE NATION

When we speak of the Rumanian nation, we refer not only to the Rumanians currently living on the same territory, with the same past and same future, the same habits, the same language, the same interests. When we speak of the Rumanian nation we refer to all Rumanians, dead or alive, who have lived on this land of ours from the beginnings of history and will live on it also in the future.

The nation includes:

1. All Rumanians currently alive.

2. The souls and tombs of the dead and of our ancestors.

3. All who will be born Rumanian.

A people becomes aware of its existence when it becomes aware of its entirety, not only of its component parts and their individual interests.

The nation possesses:

1. A physical, biological patrimony: the flesh and the blood.

2. A material patrimony: the country's soil and its wealth.

3. A spiritual patrimony, which includes:

A. Its concept of God, people, and life. This concept constitutes a possession, a spiritual patrimony. The limits of this domain are set by the limits of the brilliance of the concept. There is a country housing the national spirit, the expectations of that spirit, a spirit resulting from revelation and the nation's own efforts.

B. Its honor, which shines in proportion to the acceptance by the nation, during its historical existence, of the norms derived from its concept of God, people, and life.

C. Its culture: the fruit of its life, the product of its own efforts in thought and art. This culture is not international. It is the expression of the national genius, of the blood. The culture is international in its brilliance but national in origin. Someone made a fine comparison: bread and wheat may be internationally consumed, but they always bear the imprint of the soil from which they came.

Each of these three patrimonies has its own importance. All three must

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be defended by the nation. But the most important of all is the spiritual patrimony, because it alone bears the seal of eternity, it alone transcends all times. The ancient Greeks are with us today not because of their physiques, no matter how athletic--those are only ashes now--nor because of their material wealth, if they had such, but because of their culture.

A nation lives forever through its concepts, honor, and culture. It is for these reasons that the rulers of nations must judge and act not only on the basis of physical and material interests of the nation but on the basis of the nation's historical honor, of the nation's eternal interests. Thus: not bread at all costs, but honor at all costs.

THE NATION'S ULTIMATE GOAL

Is it life?

If it be life, then the means whereby nations seek to ensure it become irrelevant. All are valid, even the worst.

The question may thus be asked: What are the norms for international behavior? The nations' animal instincts? The tiger in them? Do the laws of the fishes in the sea or of the beasts in the forest apply?

The ultimate goal is not life. It is resurrection. The resurrection of nations in the name of Jesus Christ the Savior. Creation and culture are only means--not the purpose--of resurrection. Culture is the fruit of talent, which God implanted in our nation and for which we are responsible. A time will come when all the world's nations will arise from the dead, with all their dead, with all their kings and emperors. Every nation has its place before God's throne. That final moment, "resurrection from the dead," is the highest and most sublime goal for which a nation can strive. The nation is thus an entity that lives even beyond this earth. Nations are realities also in the other world, not only on this one. To us Rumanians, to our nation, as to every nation in the world, God assigned a specific mission; God has given us a historical destiny.

The first law that every nation must abide by is that of attaining that destiny, of fulfilling the mission entrusted to it.

Our nation has not abandoned that goal, no matter how long and difficult has been its own Golgotha.

And now we are faced with mountain-high obstacles.

Are we going to be the weak and cowardly generation that will relinquish, under threats, the Rumanian destiny and renounce our national mission?

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